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Territoire et mémoire du Sillon et d’Estuaire
“Pas de savoir sans critique du savoir et sans savoir critique” Henri Lefebvre
Version n°4 du site de Jean-Yves Martin géographe & historien en périurbain nantais.

Cependant, s’attaquer aux questions brésiliennes comme sujet de réflexion, dans un exercice régressif-progressiste, dément une telle promesse – mais réaffirme la notion du Brésil comme pays du futur. Maintenant, bien sûr, à lire tout autrement. Le Brésil est le pays du futur, non pas parce qu'il porte une promesse imminente projetée vers l'avenir – une rédemption à venir –, mais précisément parce qu'il est devenu l'indice de l'avenir du monde. Le rendez-vous avec le futur, en ce sens, a déjà eu lieu et ce qui en a résulté est une catastrophe.

Le Brésil est devenu la catastrophe qui attend le reste du monde et l’annonce haut et fort. En réalité, avec la progression de l'effondrement mondial face à la crise interne du capitalisme, il semble que les aiguilles des horloges du monde se synchronisent enfin avec celles du Brésil. C'est le monde qui a finalement rattrapé le Brésil. N’est-il plus le pays du futur ? Bien sûr que si ! Ce n’était tout simplement pas l’avenir auquel on s’attendait.

Au milieu du XXe siècle, un célèbre philosophe annonçait sur un ton prophétique (même si l'on découvrirait bientôt qu'il ne savait pas vraiment de quoi il parlait) qu'à la fin du millénaire, la nouvelle condition serait post-moderne. C'était la première annonce que le passé de luttes et de rêves était épuisé et que le futur, ou plutôt l'éternel présent, aurait une place pour chacun dans le mode de vie du capital victorieux. S'appuyant sur une meilleure pensée que celle des diagnostics de cette nature élaborés par le centre du pouvoir mondial, Thiago Canettieri, dans son premier livre est arrivé à l'idée contraire, la réalité est l'inverse : celle de « la condition périphérique ». Il s’agit d’une situation globalement généralisée et l’histoire semble donc indiquer une tout autre fin.

L'étape suivante consiste ici à étudier les particularités nationales, celles de la catastrophe brésilienne. L’attente de développement recherchée par ce qui était le pays du futur a été bouleversée : Brésil-catastrophe. C'est la règle. Plusieurs facettes de cette catastrophe permanente sont étudiées de manière très détaillée dans ce nouveau livre, offrant ainsi une image en constellation de cette situation.

Le kaléidoscope rassemblé ici va dans le détail du particulier à l'universel, et vice versa, sans être exhaustif, mais toujours avec une grande rigueur et laissant place à l’imaginaire bousculé du lecteur. Dans cet ouvrage, aux multiples références, l'auteur poursuit le mouvement de fermeture définitive de cette porte qui fut le principal moteur de la tradition critique qui imaginait pouvoir aider à la construction du pays. Il est fort possible que dès le début la véracité de l’idée développement ait été une catastrophe.

THIAGO CANETTIERI est professeur au département d'urbanisme de l'UFMG. Il est responsable du groupe de recherche Critiquer – crise, travail, capital et révoltes, et co-coordinateur du noyau RMBH de l'Observatoire des Métropoles (INCT/CNPq).